Les 30 et 31 janvier 2024 à l’Espace Roguet de Toulouse

Histoire et histoires sur la scène marionnettique contemporaine

L’édition 2021 consacrée aux théâtres documentaires dans la création marionnettique actuelle a mis en valeur la présence de spectacles marionnettiques portant sur des enjeux historiques et mémoriels. L’édition suivante, carnet d’hiver #6 observait comment la scène marionnettique contemporaine s’empare, avec ses outils propres, des aspects les plus concrets de la vie sociale. Il paraît opportun pour cette nouvelle édition de réunir chercheurs et artistes autour de la façon singulière dont les théâtres de marionnettes et d’objets convoquent l’Histoire pour la soumettre à la réflexion politique collective.

Il apparaît en premier lieu que les objets, qu’ils soient des marionnettes anthropomorphes ou animales, objets manufacturés, objets-souvenirs ou du quotidien, proposent une médiation efficace qui relie histoire intime et histoire collective en impliquant la mémoire du spectateur. On pense par exemple à la récente création M.A.R de la catalane Andrea Diaz Reboredo, qui réunit un petit groupe de spectateurs assis autour d’une table animée par la marionnettiste et plongent avec elle dans l’histoire d’une maison de famille figurée par cette table en perpétuelle transformation. 

Ces mises en scène du passé sont souvent l’occasion de proposer des dispositifs scénographiques non traditionnels permettant de pratiquer un théâtre de marionnettes « hors-les-murs », pouvant se transporter dans d’autres lieux que les théâtres institutionnels. Le catalan David Espinosa invite par exemple le public à regarder de minuscules personnages sur une petite table transportable en tous lieux. La narration proposée par leur manipulation met en scène de façon métaphorique et cruelle notre histoire récente (attentats, violences policières, élection d’Obama…). Étant donné la très petite taille des figures, le spectateur est forcé de regarder littéralement « à la jumelle » et de scruter avec un regard critique l’histoire immédiate. Xavi Bobès, invite 6 spectateurs autour d’une petite table ronde comme pour une séance de spiritisme, et les invite à voyager dans l’histoire de sa famille depuis sa propre naissance, y mêlant bien sûr l’histoire de son pays, manipulant comme un magicien en close-up des photos, des objets, des journaux. Enfin, certains détours marionnettiques sont propices à la mise en scène de la violence de l’histoire, puisque les corps artificiels peuvent subir toutes sortes de transformations ou mutilations.
On a vu, dans les années 2000, plusieurs spectacles marionnettiques mettre en scène l’horreur de la guerre et de la violence historique. On pense en particulier aux créations d’Hotel Modern First World War et Kamp, qui montrent respectivement l’horreur des tranchées et celle des camps d’extermination nazis avec un théâtre de figures et d’objets à la fois joué et filmé en gros plan. 

Cette journée cherchera donc à explorer la relation d’intimité avec l’Histoire qui se joue dans un certain nombre de créations marionnettiques contemporaines.

Programme

La Tempête de Caliban_Caliban, Prospero et Miranda
  • 30 janvier 2024 : 20h30, spectacle La Tempête de Caliban de la Compagnie Pupella-Noguès
  • 31 janvier 2024 : Journée de conférences et de discussions entre artistes et chercheurs
  • 9h00   accueil
  • Présentations des interventions : Giorgio Pupella
  • => du personnage de fiction à l’effigie historique
  • 9h30 – 10h : Iris Pupella-Noguès – Joëlle Noguès – « Introduction. De l’enquête historique à la marionnette »
  • 10h – 10h30 : Hélène Beauchamp – « Caliban, caméléon de l’Histoire ? »
  • 10h30 – 11h : discussions entre les intervenants et avec le public
  • => de l’événement intime à l’Histoire
  • 11h – 11h30 : Compagnie La Loquace* – spectacle « Viva ! »
  • 11h30 – 12h : Toni Rumbau. Histoire et marionnette en Espagne
  • 12h – 12h30 : discussions entre les intervenants et avec le public
  • 12h30 – 13h 30 PAUSE Déjeuner
  • => l’événement historique comme sujet dramaturgique
  • 14h – 14h15 : Flore Garcin Marrou – Synthèse et perspectives de la matinée et de l’après-midi
  • 14h15 – 14h35 : Momar D.Kane. Mariama, la jeune fille capricieuse
  • 14h35 – 15h: Compagnie avant l’averse* spectacle « les insomniaques »
  • 15h – 15h30 : discussions entre les intervenants et avec le public
  • 15h30 – 15h45 : Pause Café
  • => mémoire  des objets et marionnettes
  • 15h45 – 16h15 : Compagnie Silence Vacarme* spectacle « la forêt des chuts »
  • 16h20 – 16h45 : Shaday Larios (depuis le Mexique) « Dramaturgie du théâtre d’objets documentaires »
  • 16h50 – 17h15 : Flore Garcin Marrou – Synthèse et perspectives de la matinée et de l’après-midi
  • 17h15 – 17h30 : présentation par Céline Schmitt du projet « les mécanismes de la mémoire »
  • 17h30 – 18h conclusion

Les intervenant.e.s

Iris Pupella-Noguès, docteure en histoire contemporaine de l’Université Paris-Est et de l’Université de Trieste (IT)
Flore Garcin Marrou, maîtresse de conférences en études théâtrales, Université Toulouse Jean Jaurès – LLA CREATIS
Hélène Beauchamp, maîtresse de conférences, HDR en littérature comparée, Université Jean-Jaurès – LLA CREATIS
Lisa Peyron et Daniel Olmos, La Loquace Compagnie, spectacle Viva!
Toni Rumbau, marionnettiste, auteur, journaliste, directeur-fondateur du portail Titeresante
Momar D. Kane, docteur en lettres, littérature comparée – LLA CREATIS
Lou Simon, Compagnie Avant l’Averse, spectacle Insomniaques
Angèle Vouriot et Scarlett Audry, Compagnie Silence Vacarme, spectacle La Forêt des Chuts
Shaday Larios (Mexique), docteure en Artes Escénicas, Université autonome de Barcelone
Joëlle Noguès et Giorgio Pupella, co-directeur.ice de la compagnie Pupella-Noguès et LCMC Odradek