Le 7 décembre 2022 à l’Espace Roguet et au Muséum de Toulouse

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Carnet d’Hiver #7 se questionne sur le théâtre social et sociétal.

Nous avons toutes et tous en tête l’idée que les spectacles de marionnettes seraient à même d’exprimer les frustrations sociales de leur public (les problèmes de loyer de guignol, ses démêlées avec la gendarmerie…). En 1990, la revue Puck s’intéressait aux relations entre marionnette et société en mettant en valeur des engagements politiques, des lieux de la marionnette dans la ville, des liens avec l’Histoire (la guerre, les cultures nationales), sans dégager de questions en particulier. Depuis, de nouveaux enjeux ont pris une place majeure dans les représentations et les débats de société, et par conséquent dans la création théâtrale : les genres et les sexualités, le statut des femmes et les nouveaux visages du féminisme, les conséquences du libéralisme économique, la vieillesse et l’intégration des questions écologiques dans la vie sociale sont devenus des sujets majeurs de la création théâtrale.

On pense par exemple au personnage non genré de Hen dans les créations de Johanny Bert, à l’évocation cruelle d’une vieillesse maltraitée en maison de retraite avec Mathilde de Neville Tranter ou bien au dernier spectacle d’Agnès Limbos (cie Gare centrale), Il n’y a rien dans ma vie qui montre que je suis moche intérieurement (2021), sur la violence envers les femmes.

Comment les formes marionnettiques actuelles, qui travaillent à la métamorphose des matières, des figures et des espaces, s’emparent-elles de ces questions ? En quoi les spécificités du langage marionnettique contemporain, caractérisé par la manipulation à vue, les jeux d’échelle, la multiplication des instances corporelles présentes en scène (corps morcelés, corps provisoires, prothèses, corps immatériels, projections) et la mise en jeu de différentes qualités de matière, offrent-ils un regard singulier sur des « questions de société » en privilégiant la métaphore, la transposition, la suggestion, la dramaturgie du signe ? De quelle manière le théâtre de marionnettes ouvre-t-il le débat, en participant aux questions d’actualité, en critiquant la société, en faisant avancer les consciences, en prenant un rôle dans le théâtre social et citoyen ?

La question sociale prend une nouvelle résonance en cette période post-covid, en raison des multiples annulations de co-productions, de représentations, amenant les professionnels du spectacle à réinvestir les champs de l’animation culturelle et de l’accompagnement artistique. L’impossibilité à présenter leur création a poussé les artistes à multiplier la diffusion de petites formes dans le cadre d’actions de médiation et de valorisation sur des territoires donnés. L’artiste engagé sur le terrain du social serait-il le symptôme d’une politique publique libérale qui se désengage des territoires, laissant à l’artiste la « mission » de « faire du lien » ? Ou peut-on aussi y voir, positivement, une vision plus globale de l’activité de création, qui ne peut s’épanouir qu’en travaillant en collaboration avec un territoire donné, des publics spécifiques, mobilisant des formats et des dramaturgies accessibles, pour ne pas dire populaires ?

Cette journée, par la rencontre de chercheurs et chercheuses et d’artistes marionnettistes, propose de faire un point sur la façon dont la scène marionnettique contemporaine s’empare, avec ses outils propres, des aspects les plus concrets de la vie sociale.

Programme

  • 10h-18h | Espace Roguet : Journée de rencontres, discussions et échanges entre artistes et chercheurs autour de la thématique, animées par Hélène Beauchamp, Flore Garcin-Marrou, Joëlle Noguès et Giorgio Pupella
    • 10h : Le statut des femmes et les nouveaux visages du féminisme
    • 14h : Des questions écologiques dans la vie sociale
    • 16h30 : Une scène marionnette sociale
Compagnonnage 2022_Loup-Garou Parking_Renaitre Animal_ Rhinocéros
  • 20h30 | Muséum de Toulouse : Spectacle Renaître animal de la Cie Loup-Garou Parking (proposé dans le cadre d’Itinéraire Marionnettique en Haute-Garonne)

Les intervenant.e.s

Julie Postel, chercheuse et créatrice, Université d’Artois
Flore Garcin Marrou Université Toulouse Jean Jaurès 
Juliette Nivard, Lucie Vieille -Marchiset Les philosophes barbares 
Francesca DiFazio, professeure à l’Université de Montpellier
Gilbert Meyer marionnettiste, compagnie Tohu Bohu, Strasbourg
Alban Thierry, marionnettiste, Compagnie Zouak
Silvia Torri, Rita Giacobazzi, Valentina Sanseverino, Compagnie Créature Ingrate
Hélène Beauchamp, Université Jean-Jaurès