Mona Richard, Tarentule

Mona Richard : autrice, actrice et metteuse en scène
Mathis Derboule : créateur et régisseur son
Lenny Fontaine : créateur et régisseur son
Justine Duvinage : interprète marionnettiste
Karine Bayeul : regard extérieur

Seul en scène tout public à partir de 7 ans

Le spectacle Tarentule est un conte initiatique et marionnettique. Sous fond de quête d’un passé troué et oublié, le destin de trois femmes aux âges différents suit le fil conducteur d’une histoire liée au langage textile et à l’écriture par la matière. 

Retrouvez Ici l’interview de Mona au magazine Culture 31!

Depuis 2022, Mona Richard est artiste associée à Odradek

L’Histoire

Quand la jeune adolescente Nona cherche à en savoir plus sur son passé, sa mère refuse de lui répondre car elle a tout oublié. Face à l’absence de réponses de sa mère, elle fugue de chez elle, attirée par un mystérieux fil d’Ariane lumineux. Il la mène jusqu’à une toile d’araignée géante et marionnettique qui met en réseau les histoires oubliées. Cette œuvre crochetée est l’œuvre de La Vieille : figure mythologique de la pièce, à la fois Parque et sorcière. Mais cette dernière ne livre pas son savoir si facilement.

La place du fil dans la mise en scène induit le rapport marionnettique. Tantôt mis en scène par la lumière noire, tantôt animé à travers la toile d’araignée géante et marionnettique, ou encore par des procédés de théâtre d’ombres. Il est traité comme un personnage à part entière. La marionnette de l’araignée cauchemardesque sera peut-être celle qui raccommodera les trous des identités déchirées. Est-ce que la transmission intergénérationnelle permettra de raccommoder tous les trous ?

16-Tarentule

Note d’intention

Avoir 20 ans et tricoter

Tout commence là : dans cette faille temporelle entre jeunesse et vieillesse. Plus je tricote, plus je préfère le crochet. Plus je crochette, plus j’observe les trous. Ces trous de mémoire au milieu de mon tissage sont ceux de l’oubli. L’oubli de mes grand-parents inconnus et celui du mystère des origines effilées par le temps. Je crochette et j’ai la sensation d’enfin toucher du doigt une transmission millénaire. Au fil de mes pensées, des mètres de fil passent entre mes doigts. Sans suivre aucun patron je crée de longue bandes de crochet de toutes les textures. La laine me permet d’écrire sans le poids des mots dans un alphabet de silences colorés. Chaque maille est une lettre, chaque rang une phrase, chaque couleur un sentiment.

Je suis loin d’être la première à user du textile pour écrire.
C’est d’ailleurs l’origine même du mot texte. La mythologie regorge de femmes qui ont su ruser et s’exprimer par leur maîtrise des travaux d’aiguille, alors qu’elles étaient soumises au silence. Seulement, la fragilité des fibres de la laine ne traverse pas aisément les époques et un grand nombre d’histoires tissées par des femmes sont tombées dans l’oubli. Alors que sont devenues tous ces textes textiles ?

Tarentule est né du rêve d’une vieille femme, mi Parque mi sorcière, qui aurait su garder en mémoire ces histoires tissées. Toutes reliées entre elles, elles formeraient un réseau géant de fils et de textures, sans cesse à raccommoder. La toile d’araignée est alors apparue comme une évidence pour parler de transmission féminine à travers le fil : l’araignée fait sortir de son ventre une histoire et bien qu’elle fasse peur et que l’on cherche souvent à l’écraser, elle fascine toujours. J’ai ainsi voulu mettre en scène cette brèche inévitable dans la transmission en travaillant par analogie avec la matière textile.

Entre les trous et le fait de les raccommoder, le spectacle interroge de manière palpable la mémoire : doit-on tout transmettre ? Faut-il se souvenir de tout ? Est-ce que les trous dans nos histoires font de nous des identités incomplètes ? Le fil est donc le personnage principal du spectacle : il mène l’intrigue, dessine l’espace et les corps, et propose un voyage vers un univers magique de couleurs, de lumière et de poésie.

Mona Richard