Rien à voir
Conception, écriture et construction : Céline Schmitt et Ivon Delpratto
Manipulation et jeu : Céline Schmitt, Ivon Delpratto, Aurel Renault
Composition musicale et arrangements sonores : Sébastien Cirotteau
Vidéo : Eric Massua
Construction de dispositifs : Benoît Fincker
Création lumière : Ivon Delpratto, Benoît Fincker
Costumes : Emeline Antuoformo
Regards complices : Joëlle Noguès, Giorgio Pupella, Antonella Sampieri
Spectacle pour 30 spectateurs
Tout public à partir de 12 ans
La Compagnie
Fondée en 2015 par Céline Schmitt et Ivon Delpratto, la Compagnie Espégéca aborde la scène comme un espace de questionnement, un espace qui invite à expérimenter le processus du questionnement lui-même, où les questions ne sont ni posées ni résolues mais au contraire, nous invitent dans leurs ventres, nous happent dans leurs plis, nous propulsent dans leurs rebonds et nous entraînent dans leurs divagations vers les marges et les écarts, sur leurs chemins aussi sinueux qu’un point d’interrogation.
Depuis 2022, la compagnie Espégéca est compagnie associée d’Odradek.
Rien à voir
[…] comment dire —
Samuel Beckett, « Comment dire », Poème, suivi de mirlitonnades, Paris, Éditions de Minuit, 2010 [1978], p. 27.
vu tout ceci —
tout ce ceci-ci —
folie que de voir quoi —
entrevoir —
croire entrevoir —
vouloir croire entrevoir —
loin là là-bas à peine quoi —
folie que d’y vouloir croire entrevoir quoi —
quoi —
comment dire —
comment dire
Note d’intention
Notre point de départ est le roman de Kôbô Abé, L’Homme-boîte, où le personnage se loge dans une boîte en carton et n’en sort plus. Cette boîte n’est pas pour lui un lieu d’enfermement mais un poste d’observation du monde, un dispositif de vision qui permet un nouveau mode d’appréhension des choses et de compréhension de la réalité.
Cie Espégéca
Nous convions les spectateurs à vivre cette expérience de vision décadrée, à une aventure du regard en les invitant à venir habiter des boîtes d’où voir, ou plutôt à perce-voir.
En promenant le regard d’allusions en illusions, notre volonté est de faire naître la représentation de ce qui est inaccessible à la vision, de l’envers du visible, des angles morts.
Notre champ de vision, quel que soit l’outil d’observation utilisé, comporte toujours des angles morts. L’angle mort est cette zone qui échappe à la vision et à notre surveillance, un espace à la marge. C’est aussi le lieu des possibles et des apparitions, la part manquante qui stimule l’envie d’aller voir, de jeter un coup d’œil, ne serait-ce qu’à la dérobée. Le non-visible entre ainsi en relation avec le visible, le redéfinit, le questionne, le déplace, le détruit peut-être…
En proposant une autre manière de regarder, en n’offrant que des images tronquées, fragmentées, ce spectacle provoque délibérément les angles morts pour inviter les spectateurs à expérimenter un entre-voir qui fait voir autrement.
Le regard à l’abri dans la boîte, en sécurité derrière la fente, doit aller chercher l’image, la poursuivre, l’attraper, la ligoter, la recoudre pour pouvoir construire le sens qui n’est jamais donné d’emblée, de sorte que chaque spectateur est véritablement l’acteur de la représentation.
Des histoires, des situations, des apparitions et, bien sûr, l’humour surgissent par ces jeux constants de décadrages et de décalages. De part leur posture, les spectateurs seront aussi témoins parfois de ce qu’ils ne devraient pas voir, des intimités capturées du coin de l’œil.